Se maintenir en emploi
quand on a 50 ans et plus

L’histoire de Johanne

Johanne a 60 ans. Depuis deux ans, elle tente de réintégrer le marché du travail. Elle constate que ce n’est pas chose facile, malgré la pénurie de main-d’œuvre généralisée.

Johanne souhaite travailler comme secrétaire. Mais après plus de 15 ans comme mère à la maison, son absence sur le marché du travail lui a fait perdre la majorité de son réseau professionnel et elle n’est plus très à l’aise dans son rôle d’employée de bureau.

Malgré tout,  elle a mis à jour son CV et a commencé à envoyer sa candidature à quelques offres d’emploi. Cela n’a cependant pas été fructueux. Désormais, elle travaille fort sur elle-même pour se redécouvrir, se connaître davantage, à mettre de l’avant ses points forts et ses compétences pour mieux se vendre et ainsi augmenter ses chances de se trouver un nouvel emploi.

Se former pour revenir ou se maintenir en emploi

Johanne est retournée sur les bancs de l’école pour décrocher son diplôme d’études professionnelles en secrétariat à l’organisme Compétences 2000. La formation lui a permis de maîtriser la suite Office, elle qui n’avait jamais travaillé t avec un ordinateur. Elle avait uniquement pratiqué la dactylographie, à l’époque où elle était commise d’assurances.

Irène Demczuk, coordonnatrice du projet Générations au travail, réussir ensemble!,  rappelle en effet que les gens de 50 ans et plus doivent composer avec les besoins du marché du travail et rester ouverts à suivre des formations pour ainsi acquérir de nouvelles qualifications professionnelles, ou encore pour se mettre à jour.

D’autre part, elle explique que les entreprises doivent continuer à investir et offrir de la formation à leurs employés, peu importe leur âge. Le gouvernement, pour sa part, doit obligatoirement donner accès aux programmes de formation offerts par Emploi–Québec aux gens de 50 ans et plus.

L’importance d’un bon climat de travail

Johanne avait également des craintes quant à son retour sur le marché du travail. Notamment, la peur de côtoyer des jeunes et de se faire étiqueter comme la vieille madame. Elle espérait trouver un environnement de travail accueillant où elle pourra faire ses preuves en tant que nouvelle employée sans se sentir isolée, ni discriminée à cause de son âge.

Sa formation en secrétariat lui avait déjà permis de côtoyer des jeunes au quotidien. Ses peurs de stigmatisation se sont en partie dissipées, car ses collègues de tout  âge l’appréciaient et échangaient spontanément avec elle.

Irène Demczuk précise que les entreprises doivent être en mesure de prendre en considération ces craintes et développer un processus pour les employés leur permettant d’établir un climat de travail sain, sans pour autant créer de discrimination envers les plus jeunes ou les plus âgés.

Madame Demczuk insiste aussi sur le fait que mettre en place des mesures de création de liens entre les différentes générations renforce la créativité et la productivité des employés. Elle ajoute que les conseillers en ressources humaines sont appelés à être vigilants afin de lutter contre toute discrimination envers les employés plus âgés en milieu de travail.

Une belle alternative : Le travail à temps partiel

Dans un monde idéal, Johanne aimerait travailler 20 heures par semaine seulement. Elle souhaite profiter de la vie tout en occupant un travail. L’idéal pour elle serait donc de travailler à temps partiel! Elle me confie que de rester à la maison et regarder la télévision l’isole de la société et la fait se sentir inutile. En même temps, travailler 35 à 40 heures par semaine occuperait une trop grande partie de son temps. Elle demeure tout de même réaliste et n’écarte pas la possibilité de travailler à temps plein, le temps de faire ses preuves et reprendre confiance en elle.

La pénurie est une occasion d’adaptation

Le contexte de la pénurie de main-d’œuvre s’explique, entre autre, par le vieillissement de la population. L’âge moyen de la population a grimpé dans les 30 dernières années de dix ans, en plus de l’érosion rapide de la tranche d’âge des jeunes.

Johanne est confiante sur ses qualités en tant qu’employée. Elle se sait loyale et expérimentée. Elle s’attend donc que le marché lui offre un milieu de travail flexible, une rémunération juste et équitable et que le gouvernement lui ouvre des programmes de formation adaptés et un régime fiscal et de retraite incitatifs pour la maintenir en emploi le plus longtemps possible.

Madame Demczuk rappelle que recruter un salarié coûte aux alentours de 35 000 $ pour l’entreprise. Selon elle, le fait de maintenir en emploi les salariés âgés entre 50 et 65 ans pourrait régler une certaine partie de la pénurie de main-d’œuvre.

Écrit par Jamila Taleb

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Jamila Taleb

Journaliste diplômée de l'Université de Montréal, membre de l'AJIQ, elle collabore avec Quartier Libre où elle a publié des articles sur le transport actif et la robotisation. Elle a produit également des webdocumentaires pour le Reporter+. Également diplômée en composition et rédaction françaises et en création littéraire de l'UQAM ainsi qu'en gestion, elle a collaboré à la revue littéraire Main blanche.

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