Pénurie de main d'oeuvre: les villes appelées à être créatives

L’avocate spécialisée en droit de l’emploi et du travail et présidente de l’Ordre des conseillers en ressources humaines, Marianne Plamondon.

La rigidité des conventions collectives agit souvent comme un frein au retour sur le marché du travail des jeunes retraités, un groupe qui représente un bassin de travailleurs qualifiés enviable pour les municipalités en ces temps de pénurie de main-d’œuvre, estime Marianne Plamondon, avocate spécialisée en droit de l’emploi et du travail et présidente de l’Ordre des conseillers en ressources humaines.


« Les organisations publiques comme les villes, qui comptent beaucoup d’employés syndiqués, sont aux prises avec des cadres de conventions collectives qui ne leur permettent pas toujours de faire usage de créativité pour attirer et retenir la main-d’œuvre retraitée intéressée par un retour sur le marché du travail, explique Me Plamondon en entrevue avec Le Droit. Les villes vont devoir réfléchir à des stratégies et tenter de les intégrer dans les conventions collectives dès leurs prochaines négociations. »

À Gatineau, seuls les cols bleus sont en négociations avec la Ville. Le mandat de négociation est donné à la direction générale par le conseil municipal. Le cabinet du maire Maxime Pedneaud-Jobin est demeuré hermétique sur les détails entourant les demandes de l’employeur dans le cadre de la négociation à venir. Impossible de savoir si des aménagements visant à favoriser l’attraction de travailleurs retraités pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre seront intégrés au cahier de demandes patronales.

Forum en avril

Le sujet de l’intégration des travailleurs retraités refera toutefois surface ce printemps, à Gatineau. Le Droit a appris que la Chambre de commerce de Gatineau (CCG), en collaboration avec la Ville de Gatineau et différents partenaires tiendront un forum, le 9 avril, intitulé Misons sur les 50 ans et plus. L’objectif est de permettre des échanges entre dirigeants d’entreprises, conseillers en ressources humaines, organismes en employabilité et syndicats sur les principaux défis concernant l’embauche et le maintien en emploi de la main-d’œuvre expérimentée et des travailleurs semi-retraités.

« Les travailleurs âgés, déjà à la retraite, mais qui reviennent sur le marché du travail souhaitent souvent fixer eux-mêmes leurs conditions de travail, note Me Plamondon. Ils veulent des contrats de travail sur mesure. J’ai vu des contrats où les gens exigeaient deux mois de vacances l’été et un mois l’hiver pour aller dans le sud. Ce sont des demandes qui s’appliquent bien mal pour un employeur et un syndicat liés par une convention collective. Les villes doivent quand même trouver une façon de répondre adéquatement aux besoins des gens qui souhaitent vivre leur semi-retraite. »

En guise d’ouverture d’un forum portant sur la pénurie de main-d’œuvre, mercredi, à Montréal, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) a appelé les acteurs patronaux, syndicaux et gouvernementaux à « prendre leurs responsabilités » pour faire face à la pénurie. La centrale syndicale estime que la « meilleure façon » d’attirer et retenir de la main-d’œuvre qualifiée est de hausser les salaires. « La pérennité de certaines entreprises est en jeu, a noté le président, Jacques Létourneau. Les surcharges de travail menacent la santé et la sécurité des travailleurs et, à terme, c’est l’économie québécoise qui sera affectée. »